CUNY Damien, CUNY Marie-Amélie et DAVRANCHE Laetitia Réalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)
Les impacts sanitaires des polluants atmosphériques extérieurs

Les principales méthodes d'étude des effets sanitaires des polluants atmosphériques - suite

Les différents indicateurs de santé utilisables

  • Au cours des études épidémiologiques, différents indicateurs sont utilisés conjointement afin de caractériser les effets sanitaires de la pollution atmosphérique.

  • Ces indicateurs sont très nombreux et il est difficile de vouloir en établir ici une liste exhaustive.

  • Les populations étudiées sont décrites à l'aide de caractéristiques démographiques, socio-économiques... Là encore, l'une des difficultés étant de caractériser l'exposition des personnes, les questionnaires intègrent des données sur l'activité professionnelle ainsi que sur l'environnement de vie (habitat, loisirs...).

  • Concernant les paramètres de santé suivis, ceux-ci sont de natures différentes et sont associés afin d'avoir une réponse la plus complète possible. Néanmoins, il reste difficile d'avoir des indicateurs spécifiques des effets de la pollution atmosphérique car les pathologies impliquées sont très souvent d'origine multifactorielle.

Parmi les indicateurs fréquemment utilisés, nous distinguons par exemple :

  • La mortalité (totale ou selon la cause du décès). Cette mortalité peut être recensée au sein de registres tels que celui de l'INSERM.

    Ainsi, en 2012 selon l'INSEE (d'après des données INSERM) 32,9 % des décès (hommes et femmes confondus) étaient dus à des tumeurs (dont la majorité sont celles du système respiratoire), 23,2 % pour des décès dus à des maladies de l'appareil circulatoire.

    Il est bien entendu impossible, en se basant uniquement sur ces données, d'évaluer le poids de la pollution atmosphérique dans ces décès. Cependant, nous pouvons remarquer qu'ils concernent des systèmes directement en lien avec elle.

  • La morbidité (maladie) :

    • ressentie : elle est documentée à partir de questionnaires, journaux de bord, recensant les symptômes ressentis par les personnes qui participent à l'étude.

    • objectivée : elle est basée sur le résultat de tests de dépistage, d'examens médicaux pratiqués chez les personnes, indépendamment des symptômes. Ces examens peuvent être très nombreux, comme par exemple :

      • des épreuves fonctionnelles respiratoires grâce à la spirométrie,

      • le dosage de polluants ou de leurs métabolites dans le sang, les urines, les cheveux, le lait maternel,

      • l' étude de paramètres cardiovasculaires tels que : les variations de la pression artérielle, du rythme cardiaque, l'étude d'électro-cardiogramme,

      • l' étude des paramètres de développement à la naissance : taille, poids, périmètre crânien, date d'accouchement.

    • diagnostiquée : c'est le suivi des pathologies diagnostiquées pendant la période de l'étude, comme par exemple :

      • le nombre d'infarctus du myocarde,

      • le nombre de cas d'asthme diagnostiqués ou d' hospitalisations pour asthme

      Il est également possible d'utiliser des données indirectes, qui témoignent d'un contexte particulier ou d'un impact sanitaire. Ces données sont plus délicates à manier mais parfois plus simples à obtenir ou alors complémentaires des précédentes dans l'information qu'elles apportent.

      Ce sont par exemple :

      • Les données d'absentéisme au travail ou à l'école.

      • Les données PMSI[1] qui permettent un codage des activités des hôpitaux.

      • Étude de la consommation de médicaments.

      • Étude des dépenses de soins.

ExempleExemple d'indicateur de morbidité diagnostiquée

Pope[2] (1991), a observé, suite à un mouvement de grève dans les usines sidérurgiques, une réduction de moitié de l'émission de PM10 et une diminution de 50 % du nombre d'hospitalisations des enfants pour cause respiratoire.

ExempleExemple d'indicateurs de morbidité diagnostiquée

d'après Pitard et al., 2004[3]

Évaluation de l'effet de la pollution de l'air sur la vente de médicaments anti- asthmatiques, de bronchodilatateurs et d'antitussifs à Rouen (Banque de données assurance maladie/Air Normand) :

  • une augmentation de 10 µg/m3 de poussières correspond à une augmentation de 6,2 % des ventes d'anti-asthmatiques et de bronchodilatateurs et à une augmentation de 9,2 % (IC 95 % , 5,9 à 12,6 %) des ventes d'antitussifs pour les enfants âgés de moins de 15 ans.

  • une augmentation du SO2 de 10 µg/m3 était associée à une augmentation de 11,8 % (IC 95 %, 6,7 à 17,1 %) des ventes d'antitussifs pour les enfants âgés de moins de 15 ans.

  • une augmentation de 10 µg/m3 de NO2 a été associée à une augmentation de 13,6 % ( IC 95 %, de 8 à 18,3 %) des ventes d'antitussifs pour les enfants de moins de 15 ans .

ComplémentPour aller plus loin dans les différentes méthodes épidémiologiques

La vidéo ci-dessous présente d'une façon plus approfondie les différentes méthodes épidémiologiques.

[4]
  1. PMSI : Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information

  2. Pope

    Pope C.A., 1991, Respiratory hospital admissions associated with PM10 pollution in Utah, Salt Lake, and Cache Valleys, Archives of Environmental Health, 46(2), p : 90 - 97.

  3. Pitard et al. 2004

    Pitard A., Zeghnoun A., Courseaux A., Lamberty J., Delmas V., Fossard J.L., Villet H., 2004, Short-term associations between air pollution and respiratory drug sales, Environmental Research, 95(1), p : 43-52.

  4. Thierry Ancelle - épidémiologiste

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