Les liens entre la pollution atmosphérique et les cancers
Donnés initiales
Un cancérogène est un agent qui seul ou en association est capable pour une espèce donnée d'induire des cancers ou d'en augmenter significativement l'incidence.
La cancérogenèse (formation du cancer) comprend 3 étapes :
l'initiation : l'ADN est altéré par un cancérogène génotoxique dit initiateur.
C'est un phénomène irréversible. Les cellules endommagées (initiées) échappent au contrôle normal de division cellulaire. Les agents génotoxiques initiateurs peuvent être chimiques (les plus nombreux), biologiques (virus, parasites) ou physiques (radiations ionisantes, UV) ;
la promotion : phénomène potentiellement réversible qui ne résulte pas de la modification de l'ADN (processus épigénétique). Un promoteur de carcinogenèse stimule le développement de cellules initiées agissant préférentiellement sur certains tissus, et le plus souvent s'il est administré de façon répétée pendant une longue durée ;
la progression : étape finale dans le développement d'un cancer qui devient cliniquement détectable.
Du fait du temps que prend la cancérogenèse (parfois des dizaines d'années), du nombre de facteurs qui influent sur ces mécanismes (dont les autres produits cancérigènes tels que le tabac), il est difficile de quantifier finement l'impact de la pollution atmosphérique dans la survenue de cette pathologie.
Néanmoins, les progrès des recherches épidémiologiques ont permis des avancées.
Attention : Certains polluants sont des cancérigènes reconnus :
Certains produits tels que le benzène, le formaldéhyde sont reconnus comme cancérigènes.
Depuis juin 2012, les gaz d'échappement des moteurs Diesel sont classés comme cancérigènes pour l'homme par l'Agence Internationale de Recherche contre le Cancer (IARC[1]) (lien vers la monographie).
Le 17 octobre 2013, l'OMS et l'IARC ont déclaré la pollution atmosphérique extérieure en cancérogène de groupe 1 : cancérogène pour l'homme. (Lien vers la monographie)
Données épidémiologiques générales
La vie en milieu urbain est associée à une augmentation de 10 à 40 % de la mortalité par cancer du poumon.
Les polluants responsables de ces cancers sont difficiles à identifier, de même que l'influence d'autres facteurs liés au mode de vie, à l'exposition professionnelle, à l'air intérieur...
Une augmentation du risque de cancer (tous types histologiques) est corrélée avec une augmentation des niveaux de pollution.
Les expositions aux NO2 sont liées à un risque accru de développement d'un cancer bronchique.
Les liens avec les émissions des véhicules Diesel ont été mis en évidence, mais pas avec les moteurs à essence.
Les concentrations ambiantes de PM2,5, PM10 et d'O3 sont associées à la mortalité par cancer du poumon.
En France, 10 % des cancers du poumon ont été attribués à l'exposition aux PM2,5 chez les individus vivant dans les agglomérations de Paris, Grenoble, Rouen et Strasbourg.
Une série de travaux récents explorent les atteintes de l'ADN provoquées par la pollution aérienne (exemples Møller et al., 2014[4] ; Dinga et al., 2015[5]).
Ainsi, différentes études épidémiologiques ont été réalisées chez des personnes exposées à la pollution atmosphérique telles que les chauffeurs de bus ou de taxi et des agents de circulation, par rapport à des personnes sans exposition professionnelle particulière. Ils mettent en évidence chez les personnes exposées des atteintes génotoxiques (aberrations chromosomiques, adduits à l'ADN, marqueurs génétiques de stress oxydant, méthylation de l'ADN...) associées aux niveaux d'exposition mesurés, notamment aux particules fines et à leurs fractions organiques (exemples : Hansen et al., 2004[6] ; Novotna et al., 2007[7]).